Maigret et la nostalgie...
Quand je suis coincée à la maison pour cause de maladie, donc affaiblie et la tête dans du coton, je m'octroie le plaisir de regarder les épisodes de Maigret à la télévision. Maigret, c'est simple, tous les après-midi, tu peux trouver une rediffusion, peu importe la chaine. Donc, jeune j'ai lu Simenon et Agatha Christie. J'ai aimé ce jeu avec le lecteur, cette psychologie, cette énigme qui ressortent des romans. J'aime aussi ce monde quelque peu idéalisé en dépit de la violence des décès. Ce monde désuet, d'un autre temps. Ce monde dans lequel les appartements ne sont pas meublés par le géant suédois, monde où des couturières à façon réalisaient sur mesure des costumes qui tombaient impeccablement, un monde où les bourgeois avaient des bonnes qui cuisinaient de la cuisine bourgeoise. Ce monde dans lequel les politiques n'employaient pas de conseillers fictifs et payaient eux-mêmes leurs factures, refusaient le cumul des retraites.... Je ne souhaite nullement un retour en arrière mais ce monde policé m'attire malgré l'hypocrisie, les non-dits et les rancoeurs à la Mauriac qu'il recèle. J'ai aussi et certainement surtout la nostalgie de l'époque où j'ai découvert cette littérature policière, j'avais entre dix et quatorze ans, je vivais dans un village, animé d'une vraie vie de village, avec ses bons côtés, la solidarité essentiellement et ses mauvais côtés, la sensation de ne pas avoir de vie privée et d'être toujours épié. En fait j'ai la nostalgie de mon enfance, de cette époque où je nous pensais tous éternels, de ce moment où tout était encore possible et où rêver sa vie était légitime.
Soyez heureux !