L'inflation cosmétique avec l'âge
Coincée à la maison, j'ai le temps et le loisir de prendre soin de moi. Alors j'ouvre mon armoire à cosmétiques et je sors mes crèmes. Oui, MES crèmes au pluriel, et je fais le constat que le nombre de soins cosmétique augmente parallèlement au nombre d'années. A vingt ans, une petite crème de rien du tout les jours où tu y penses. A trente, une petite crème de rien du tout quotidiennement. A quarante, ça se corse : crème de jour, crème de nuit, crème contour des yeux, si on se limite à l'exemple du visage. A cinquante, tu ajoutes un sérum et tu étales la crème bien consciencieusement sur le cou. Et ce matin, je me suis rendu compte que je descendais plus bas que le cou, sur ce que les marchandes de poudre de perlimpin nomment "le buste", la naissance des seins, là où la peau est fin et fragile et marque méchamment (au sens premier) les sillons de l'âge. Alors ce matin, je me suis enduite d'onguents divers et variés pour camoufler les signes du temps qui passe sur mon corps. J'ai utilisé crème pour les mains, pour les pieds, pour le corps, mais j'ai vu mon âge dans le miroir et je l'ai regardé droit dans les yeux. Nous vieillirons ensemble, autant se faire du bien mutuellement et fournir l'effort de se supporte.
Cet épisode ma rappelé le lendemain du jour où ma mère est décédée, subitement, alors qu'elle attendait sa nichée pour une soirée de détente. Le choc a été terrible... Le lendemain donc, mon frère est arrivé avec un sac poubelle et m'a demandé de vider les salles de bains des produits que ma mère utilisait. Oui, il est comme ça, mon petit frère, il a l'habititude de commander et d'être obéi, et dans ces circonstances-là, il fallait qu'on me téléguide tant j'étais incapable de la moindre initiative. Alors , j'ai ouvert les placards, avec la sensation de violer l'intimité de ma mère, et j'ai découvert que ses cheveux si beaux, si blancs, si brillants et chatoyants étaient le résultat d'efforts importants et de passage de soins nombreux : l'avant-shampoo cheveux blancs, le raviveur, le shampoo, l'après.... Je ne savais pas ma mère si coquette, j'avais toujours cru qu'elle se présentait à nous au naturel, il n'en était rien, elle était apprêtée, féminine, avec tellement d'habileté que ça paraissait naturel, la classe quoi.... Ce petit secret découvert après sa mort a ouvert la porte aux regrets, regrets de ne pas avoir échangé sur ça aussi, la féminité, l'apparence, le charme....
Soyez heureux !