les objets... et les disparus

Quand on est littéraire de formation, qu'on a l'esprit magique, que l'histoire est la grande Histoire de ta vie, les objets, ça compte, ça signifie, ça renvoie, ça symbolise, ça t'accompagne. Alors, difficile de les lâcher, de vivre sans eux. Le zen, pas pour moi. J'aime avoir 7 services de vaisselle, un par jour... à utiliser suivant les occasions, les invités, les fêtes du moment. J'aime changer de tasse, de verre quotidiennement. J'ai décidé que désormais, ce seraient des matières nobles, pocelaine fine, cristal, rien de moins. Le plaisir du son du verre quand tu le déplaces,  sublime le goût du vin. J'ai décidé que midi et soir nous mangerions avec nos couverts en argent, qui certes ne passent pas au lave-vaisselle. J'ai décidé, après épuisé 4 ou 5 psys, que je le valais bien. Que la noblesse n'était pas que dans les sentiments, elle serait mon quotidien. Mes parents mangeaient dans des assiettes en arcopal, alors que leur maison était remplie de merveilles toutes plus délicates les unes que les autres. A la maison, il y avait les chaises sur lesquelles il ne fallait pas s'asseoir et les autres, moches et solides. Pourquoi se sont-ils si peu chouchoutés ? pour nous laisser cet héritage qui loin d'être un cadeau, car au final il a peu de valeur marchande, devient un fardeau ? Je pense à eux tous les jours, aux sacrifices qu'ils se sont imposés pour nous payer de très longues études à tous les deux. Ils nous laissent aussi un peu démunis devant le réel. Toussaint approche, je vais fuir, je n'y arrive pas, je ne supporte pas alors consciencieusement, je pars me faire chouchouter ailleurs, avaec les gens que j'aime... je veux être dans la vie.