les collègues
J'ai un travail à plein temps qui me permet beaucoup de télétravail, depuis chez moi, quand je ne veux pas y aller, pour des raisons multiples, quand je boude, que je suis fatiguée, contrariée, ou débordée. J'ai aussi la chance d'avoir, au travail, un bureau, dans un couloir où se trouvent d'autres bureaux. Mon voisin de bureau le plus proche, la porte juste à côté de la mienne, et moi, avons l'habitude de travailler porte grande ouverte et de partager, à voix très haute nos états d'âmes, nos énervements devant la machine récalcitrante, ou nos éclats de rire. Ce garçons me surprend toujours. Scientifique patenté et labellisé, reconnu et fort diplômé, il s'efforce, de façon systématique, de citer les "grands auteurs" quand je suis dans les parages, pauvre historienne littéraire perdue dans un couloir de scientifiques durs, très durs et très scientifiques. Je suis leur porte ouverte sur la culture et l'histoire dont toute boite a besoin. Et ce matin, alors que je trimais sur un fichier indomptable, ce voisin s'est mis à me citer Cioran, son désespoir et sa noirceur.... Et finalement, nous avons égayé notre couloir d'un immense éclat de rire.. qui a fait sortir les rats de laboratoires de leur tannière... Nous n'avons même pas essayé de leur dire pourquoi on riait... trop long et fastidieux de rire avec des scientifiques pure souche. Ce matin, j'étais heureuse d'avoir fait le choix d'y aller, même si je n'ai pas été aussi productive que lorsque je travaille chez moi... Faites les bons choix, soyez heureux !